Le canal des 2 mers à vélo

L'itinéraire

Pour notre troisième voyage, nous avons traversé le sud de la France. Dans un premier temps, nous avons descendu la vallée du Rhône avec la Viarhôna (Eurovélo 17), dont le récit de voyage est disponible ICI. Puis nous avons ensuite décidé de remonter vers l'océan Atlantique en suivant le canal des 2 mers jusqu'à Bordeaux. Ce canal des 2 mers se divise en 2 parties : le fameux canal du midi de Agde à Toulouse et le canal latéral de la Garonne de Toulouse à Bordeaux.

Notre matériel

Le Voyage
Après nos voyages des deux années précédentes, nous avions tous les deux envie de passer un cap : celui du millier de kilomètres. Après les 862km de la Viarhôna entre Genève et Sète, nous repartons alors sur le canal des 2 mers !

Le 17 Août (136.3km) :

Nous commençons fort sur cette véloroute avec une étape de 136.3 kilomètres ! Nous avions commencé cette étape plus tôt dans la journée sur la Viarhôna que nous avons suivie jusqu'à Sète, ville où elle termine. Il existe ensuite une longue piste le long de la côte entre Sète et Agde, ville où commence le Canal des 2 mers !
Nous arrivons à Sète vers 19h. Après une petite pause dans la ville nous continuons notre route grâce à la piste cyclable qui longe le front de mer. Elle est superbe. Nous ne trouvons pas tout de suite les indications et pressés par le temps (notre hébergement du soir se situant à Portiragnes Plage, non loin de Béziers) nous ne prenons pas le temps de rechercher les balises du canal des 2 mers.


Nous suivons donc la piste qui longe le littoral jusqu'à Agde. La piste cyclable est une ligne droite de 20km qui est très roulante (à condition d'un vent favorable !) jusqu'à la fin de l'étang de Thau. Jusqu'au centre ville d'Agde elle emprunte ensuite le tracé d'une ancienne départementale convertie en voie cyclable car étant trop souvent inondée de par sa proximité de la mer.
L'arrivé à Agde se fait dans la nuit et il nous reste une petite vingtaine de kilomètres à faire ! Nous nous restaurons et nous préparons à parcourir les derniers kilomètres qui nous séparent de notre hébergement. Après 5 kilomètres de départementale le GPS nous propose de prendre des chemins. Pour éviter les camions nous bifurquons sans hésiter mais après quelques centaines mètres nous nous rendons compte que l'orage de l'après-midi a transformé ces chemins en véritable bourbier. Fatigués et éclairés seulement par nos lampes frontales nos vélos s'embourbent sans que nous nous en rendions compte. Nous sommes contraint de nous arrêter car les roues de nos vélos sont littéralement paralysées par de la boue qui s'est fixée entre les pneus et, à l'avant la fourche, à l'arrière les freins V-Break. Nous nettoyons donc nos vélos dans la nuit noire avec des bouts de bois trouvés là et continuons à pied. Après plusieurs centaines de mètres de marche, nous arrivons à coté de l'Europapark de Vias Plage. Nous roulons doucement jusqu'à Portiragnes à cause de l'état de nos vélos et l'atteingnons vers 23h30. L'oncle et la tante de Théo nous accueillent dans un état lamentable : sales et fatigués. Nous partageons un gaufre (Théo) et une crêpe (Romain) avant de trouver un repos bien mérité.


Le 18 Août (0.0km) :
Suite à la grosse journée que nous avons eu le 17 et aux vues de l'avance que nous avions prise les jours précédents, nous décidons dans la matinée de prendre une journée de repos... Et de plage ! Théo profite de son oncle et de sa tante dont Romain fait la connaissance et nous passons la journée à la plage. Pour planifier notre nouvel itinéraire, nous cherchons quelques cartes sur le canal des 2 mers mais nous ne trouvons pas grand chose à l'office du tourisme de la petite station balnéaire.


Le 19 Août (104.3km) :
[caption id="attachment_661" align="aligncenter" width="700"] Premiers kilomètres du canal du midi (écluse de Portiragnes)[/caption]
Nous partons tôt pour profiter de la fraîcheur matinale et arrivons rapidement à Béziers sur le canal du midi où nous recontrons, dès les premiers kilomètres, des racines qui menacent de percer l’asphalte. A notre grand regret, les 9 écluses de Fonséranes qui précèdent Béziers sont fermées au public pour cause de travaux. Nous suivons donc un itinéraire de contournement qui passe dans la ville.


Après Béziers la piste se transforme en chemins de gravier et très vite nous rencontrons des zones où les platanes historiques du canal ont été attaqués par le Chancre coloré. Ce champignon microscopique infecte les arbres et les détruit de l'intérieur. Depuis quelques années les VNF (Voies Navigables de France) travaillent au sauvetage des platanes en coupant, brûlant et replantant systématiquement les parcelles infectées. Nous avons rencontré plusieurs parcelles replantés de platane d'une petite dizaine d'années, les nouvelles espèces sont choisies pour être résistantes à cette maladie.
Nous nous arrêtons à Capestang, petit village très accueillant où nous trouvons une magnifique collégiale tout en hauteur et achetons le guide du Canal du midi à Vélo sur les conseils de cyclotouristes rencontrés plus tôt.


Après un déjeuner sur les bords du canal, nous repartons dans la poussière vers le nord-ouest. La journée s'étire et les chemins de terre se succèdent. Nous nous retrouvons sur un chemin de GR (Grande Randonnée), entre les platanes, les racines et le chemin accidenté nous manquons plusieurs fois de tomber dans le canal ! Le soir nous dépassons Homps où nous trouvons un point d'eau afin d'enlever la poussière de notre peau maculée.
Nous nous arrêtons à la nuit tombée, fatigué par ces mauvaises pistes et plantons la tente sur le bord du canal sous une lune rousse magnifique.

Le 20 Août (86.7km) :
Nous repartons dès le matin vers Carcassonne que nous atteignons avant midi. Nous visitons la ville en passant par un itinéraire touristique cyclable qui nous fait traverser le cœur de ville. Puis nous grimpons vers la forteresse médiévale qui surplombe la ville. Nous visitons le château en passant dans le centre puis dans la cathédrale qui nous parait sombre mais plaisante.


Nous reprenons la route en remontant les écluses avec pour objectif de manger un cassoulet à Castelnaudary le soir même ! Nous arrivons dans Castelnaudary en début de soirée et essayons de trouver un restaurant rapidement. Nous dînons dans le restaurant La maison du cassoulet chez qui nous dégustons le menu cassoulet (cassoulet+petit dessert). Nous repartons du restaurant dans la nuit et montons la tente à côté de la première écluse croisée sur le canal, vers 23h.

Le 21 Août (111.3km) :
Une fois Castelnaudary dépassé nous avons parcouru une grande partie du Canal du Midi et partons donc en direction de Toulouse ! Beaucoup de cyclos croisés en chemin nous l'ont indiqué : l'itinéraire change au passage de la frontière entre l'Aude et la Haute Garonne. En effet, l'itinéraire de cailloux que nous parcourions depuis Béziers se transforme miraculeusement en une piste d'asphalte large et entretenue. Cette piste a du succès ! Après le passage en Haute Garonne, nous rencontrons beaucoup de locaux profitant du week-end ensoleillé pour se balader sur le bord du canal. Nous arrivons à Toulouse en milieu d'après-midi et visitons la ville en commençant par la cathédrale Saint Etienne. Puis nous passons par le quartier Saint Michel, pour enfin nous rendre sur la place du Capitole. Avant de repartir nous dégustons une petite glace dans le jardin Pierre Goudouli.


En fin de journée nous changeons de Canal et prenons la piste qui longe le Canal Latéral à la Garonne, suite logique du Canal des 2 Mers. L'embranchement se fait dans un grand bassin dans lequel se jette le canal du midi et le Canal Latéral à la Garonne (Port de l'Embouchure). Nous filons donc vers le Nord sur une piste superbe en laissant les platanes derrières nous !
Notre escale nocturne se fait à Dieupentale ce soir là et finit avec une panne de réchaud ! (Pas facile pour cuisiner un riz au chorizo...)


Le 22 Août (90.9km) :
[caption id="attachment_673" align="alignright" width="130"] Piste d'asphalte sur le Canal Latéral à la Garonne, un délice ![/caption]
Ce matin c'est la dernière journée de vélo pour Romain. Après avoir dépassé Toulouse, capitale occitane, il ne nous reste qu'une petite centaine de kilomètres pour rejoindre Agen. Nous partons donc sur la piste, le soleil s'est levé avec nous mais tape fort et nous nous arrêtons à Castelsarrasin à midi sous une chaleur ardente. Après un déjeuner bien mérité et une sieste un peu plus longue que d'habitude, nous repartons en direction du nord-ouest.


Agen se rapproche petit à petit et nous arrivons dans sa banlieue vers 18h. Nous faisons halte au Décathlon de Boé pour se ravitailler en cartouche de gaz. Nous y découvrons une équipe fort sympathique qui nous indique un lieu de camping sauvage à quelques kilomètres de là et même un emploi devant le récit que nous leur faisons de notre périple. Nous nous voyons dans l'obligation de refuser l'offre d'emploi mais acceptons volontiers leurs conseils quant à l'endroit où dormir. Nous nous arrêtons dans le Parc Passeligne-Pélissier et nous plantons notre tente à la nuit tombée après avoir dégusté une pizza achetée sur la route.


Le 23 Août (117.6km) :
Ce matin c'est le grand départ. Nous profitons des points d'eau (très fraiche) du parc pour nous laver rapidement et remplir nos gourdes. Après re-répartition des affaires en vue de notre prochaine séparation nous partons vers la gare d'Agen. Avant de nous rendre à la gare, nous visitons la ville et notamment sa Cathédrale (style roman, fresques au plafond, belle). Enfin, nous nous faisons nos adieux devant la gare d'Agen. Romain repart sur Paris pour ne pas louper sa rentrée en école d'Ingénieur tandis que moi (Théo) je continue l'aventure jusqu'à Bordeaux pour vous donner mes impressions sur la véloroute dans son ensemble. Après moulte bisous, nous nous séparons avec la certitude de se revoir bientôt pour rouler les véloroutes de France et d'Europe.

Je repars donc seul, vers le Nord pendant que Romain déguste les spécialités régionale dans un restaurant du centre ville d'Agen avant le départ de son train. Je retrouve le canal des 2 mers à la sortie de la ville et atteint rapidement un rythme de croisière. Je m'arrête dans une boulangerie de campagne à midi devant laquelle je rencontre un pélerin venu des Pays Bas rejoingnant compostelle à Vélo. Nous partageons notre déjeuner à essayer de converser en anglais,  je repars en début d'après midi en lui souhaitant bonne chance, c'est une belle rencontre.

Je continue vers le nord et arrive enfin au bout du canal latéral à Castets en Dorthe c'est la fin de la véloroute ! En redécouvrant les départementales de girondes je ressens un peu de nostalgie pour cette piste d'asphalt magique mais pas le temps de s'endormir, j'éssaie de trouver une carte de la région pour m'orienter mais après trois offices du tourisme (Castets en Dorthe , Langon et Saint Pierre d'Aurillac) fermés je me résoud à mon sort et pars vers le Nord-ouest en suivant la Garonne qui est le meilleur indicateur dont je dispose. Dans la soirée je tombe, au milieu des coteaux sur un panneau de camping à la ferme et je m'arrête là pour la nuit avec comme toile de tente la voute celleste , ce soir c'est camping à la belle étoile !


Le 24 Août (46.3km) :
Après une nuit plutôt froide et un réveil brumeux, je pars sur les départementales en suivant les conseils du gérant du camping qui m'a hébergé pour la nuit. Celui-ci, très gentil m'a donné la route à suivre pour arriver jusqu'à Bordeaux (40km) . En suivant ces conseils à la lettre je roule vite et arrive dans la capitale girondine avant midi. C'est ainsi que je me pose a Bordeaux pour une sieste bien méritée sur le bord du miroir d'eau. Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir continué mon voyage vers l'océan mais tellement heureux de ce voyage ! Je repars en train vers la Rochelle plein de souvenir dans la tête.


Conclusion
Belle conclusion sur ce petit parcours, après 7 jours sur le vélo , 600 km au compteur, le canal des 2 mers nous à réservé bien des suprises !

Comme nous avons pu l'écrire dans notre article sur la Viarhôna, nous avons aujourd'hui l'équipement et les jambes pour rouler 80 à 110km dans la journée sans trop souffir. Après la viarhôna (862km) parcourue à un bon rythme nous étions un peu fatigué et le jour de repos chez mon oncle nous a permis de venir à bout de ce canal des 2 mers.

Contrairement à la viarhôna, eurovéloroute connue et reconnu, nous ne savons pas à quoi nous attendre sur cet itinéraire. Et nous pouvons diviser notre avis en deux parties :

La première jusqu'à la frontière entre la Haute Garonne et l'Aude est sauvage. Nous avons été surpis après tant de piste d'asphalt de retrouver les chemins tortueux mais très beaux qui nous ont permis un passage au coeur du langedoc. Notre équipement n'est pas fait pour ces pistes notament les vélos (une pensée pour mes bras secoués par ma fourche rigide) mais nous avons tout de même tenu notre moyenne de 80km par jour au prix d'une fatigue un peu plus forte. Heureusement le fil rouge du canal du midi permet d'oublier le balisage qui serai dificile à réaliser sur le tronçon.

Ensuite, la deuxième partie est vraiment différente. Nous avons pu enfin rouler à notre vitesse moyenne sans soucis. Les villes traversées sont belles et l'itinéraire est mis en valeur. Cette deuxième partie réalise presque un sans faute, car je n'ai remarqué qu'un seul défault, les 60 km qui séparent Castets en Dorthe (Embouchure du canal latéral) de Bordeaux qui ne sont pas balisés ni réalisés, dommage !

Pour finir, cet itinéraire est très intéressant, veritable lien entre l'océan et la mer, il est très emprunté par les cyclotouristes. Mais la première partie décourage une partie des voyageurs qui veulent un voyage sans imprevu (piste en bon état, services à porté). A notre avis, les collectivités locales ont intérêt à développer et aménager cette piste qui parcours des régions très touristique pour augmenter le trafic et faire découvrir cet itinéraire au plus grand nombre comme le fait la Loire à vélo aujourd'hui.

De notre coté, nous avons adoré cette piste qui nous a permis de nous frotter à un autre type de voyage à vélo plus tout terrain. Nous avons aussi visité des villes pleines de caractère et découvert des paysages magiques. Merci aux cyclos rencontrés sur la routes, aux offices du Tourisme et aux locaux toujours là pour nous aiguiller et tous les autres que nous avons oubliés !

MERCI